Après le détail des sélections Jeunesse et Polar, passons la sélection officielle au crible !
La sélection officielle et moi : 24/45 lus
Mon chouchou :
Moi, ce que j’aime c’est les monstres ; une claque, un chef-d’œuvre qui a déjà raflé tous les prix (ou presque). Que ce soit par le graphisme, le scénario, les personnages ou les références, ce roman graphique est parfait. Ça ne me surprendrait pas du tout (et ce serait Ô combien mérité) si c’était celui-ci qui était désigné comme étant le meilleur album !
Mes quatre étoiles :
Ailefroide – altitude 3954 ; un roman graphique autobiographique très fort sur la fin de l’adolescence, la montagne, les rêves, l’espoir, la désillusion, etc. Jean-Marc Rochette y raconte sa jeunesse, lorsqu’il rêvait de devenir guide de haute montagne. Le graphisme est spécial, aussi brut et cassé que le récit. Un très bel album !
À travers ; une BD muette très originale et pleine d’émotion malgré le graphisme minimaliste. On suit la vie d’un homme de sa naissance à sa mort, à chaque étape de sa vie. C’est délicat, subtil et bien pensé. Je le verrais bien en prix spécial du jury ; pour souligner la finesse du travail de l’auteur.
Il faut flinguer Ramirez Tome 1 ; un polar déjanté (que fait-il dans la sélection officielle ?) qui reprend les codes des polars des années 60 pour les détourner et les remodeler totalement. Suivez Ramirez, un vendeur d’aspirateur muet qui serait aussi, semble-t-il, le plus grand criminel de tous les temps. C’est frais, drôle et bien pensé ! L’album vient de recevoir le prix des libraires canal BD et je le vois bien rafler aussi le prix du public.
Malaterre ; une BD que j’ai beaucoup aimée, qui possède une très grande force narratrice, surtout pour dépeindre la relation père-fils. On suit la vie d’un homme aux rêves démesurés, prêts à tout pour les réaliser. Sans prendre conscience qu’il écrase dans le même temps chaque personne qu’il rencontre ou qui vit avec lui. Un excellent album ! Je vois bien le prix du public soit pour Il faut flinguer Ramirez, soit pour celui-ci.
Les Rigoles ; un album au graphisme très particulier, plein de couleurs et de textures pour décrire une nuit dans le quartier des Rigoles, au côté de plusieurs jeunes de différents milieux sociaux. C’est très intéressant, très instructif mais aussi très dense et psychédélique. La critique sociale et juste, pour autant je ne suis pas sûre que ça parle à tout le monde.
Royal City Tome 2 ; le premier m’avait convaincue mais j’attendais la suite, le second m’a complètement captivée (alors même que l’on revient sur le passé des personnages et qu’il ne fait pas avancer directement l’histoire). Une ambiance typiquement états-unienne où la ville est un personnage à part entière qui emprisonne et asphyxie le reste des protagonistes. Fascinant !
Et les autres :
Alice dans le Sussex ; moui, je dois dire que je ne sais pas trop quoi en penser de celui-ci qui réinterprète à sa sauce Alice aux pays des merveilles. On retrouve le côté loufoque et déjante… peut-être même un peu trop. La BD se lit bien, elle a quelque chose de fascinant lors de la lecture mais on en sort comme on y est entré. Et à la fin reste cette question : finalement, tout ça pour quoi ? Vite lu, vite oublié, hélas.
Bezimena ; je vois bien toutes les qualités de cette BD tant sur le fond que sur la forme mais de prendre pour protagoniste un pédophile et d’essayer d’expliquer ses pulsions… ce n’est pas pour moi. J’ai été terriblement mal à l’aise tout au long de la BD et je me suis sentie soulagée de la terminer. Beaucoup trop dérangeante. L’idée même d’érotiser les fantasmes d’un pédophile me glace. Une grande BD je pense mais clairement pas pour moi…
Blue Giant Tome 3 ; une série de manga très sympathique sur le jazz et un ado japonais qui, de nos jours, souhaite devenir un grand jazzman. Blue Giant fait découvrir des chanteurs et compositeurs peu connu et la série met en lumière un style musical pas souvent évoqué (surtout en manga) mais je trouve le traitement too much, hélas. Trop shonen. Avec des expressions et des réactions sur exagérée. J’ai bien aimé, je lirai cette série jusqu’au bout mais j’aurais préféré quelque chose de plus sensible.
Bolchoï Arena Tome 1 ; le scénario, les personnages et l’univers ont un sacré potentiel mais ce premier tome ne m’a pas entièrement convaincue. Heureusement, la fin rehausse tout ça (même si elle est assez attendue). Tout manque d’épaisseur, de profondeur, jusqu’au graphisme un peu trop effacé et pâle qui ne m’a pas permise de me sentir impliquée dans l’histoire.
Charlotte impératrice Tome 1 ; une BD pour laquelle je n’attendais rien et qui m’aura surprise en bien ! Ce n’est certes pas la BD de l’année, le scénario reste classique et le graphisme aussi mais j’ai aimé le traitement qui évite pas mal de cliché et qui replace bien le contexte historique. Une bonne surprise donc !
Courtes distances ; typiquement le genre de BD qui se veut (et qui est sans doute) très profonde, contemplative, pleine de douleur, de douceur et de sous-texte mais dont je suis passée totalement à côté. J’ai trouvé ça long, creux et ennuyant. J’ai très vite accroché aux personnages pourtant… et puis l’histoire tire, tire, tire en longueur sans qu’il ne se passe rien. Alors au bout d’un moment, j’ai lâché.
Claudine à l’école ; bon, je sais que c’est l’adaptation d’un roman, c’était une autre époque, tout ça, tout ça, mais alors j’ai détesté cette BD. Tout dans le (mauvais) jugement, les clichés, les (soi-disant) bonnes mœurs et les hypocrisies. Une femme qui couche avec plusieurs gars ? Oh mon Dieu la trainée ! Surtout qu’elle se fait aussi entretenir par une femme. Quelle manipulatrice ! Et vas-y donc que je rabaisse, que je commente, que je me rebelle faussement, que je fasse ma fille (avec tout ce qu’il y a de péjoratif dans l’idée, parce que tout le monde sait qu’une fille ne parle que de garçon, de vêtement et déteste ses rivales, tout en étant frivoles et hystérique)… c’est totalement à l’antithèse de mes valeurs ! Qu’est-ce qu’elle m’aura gonflée celle-là durant ma lecture !
Deux femmes ; une BD intéressantes qui donne le point de vue de deux femmes avant et après leur rencontre. La manière dont elles évoluent par rapport à leurs rêves et leurs envies. C’est simple et plutôt bien fait mais alors qu’est-ce que c’est déprimant sur la condition de la femme et le poids des traditions ! Ça vaut pour la Corée ici mais ça fait aussi pas mal écho à notre culture occidentale…
Les grands espaces ; un beau regard sur l’évolution de nos campagnes, avec quelques critiques bien sentie. C’est doux mais un peu trop simple. Et bien que l’autrice ait eu une enfance intéressante et pleine de vie et d’aventure, j’avoue que ça me lasse un peu de voir ces récits de jeunesse nostalgiques. Clairement, ce n’est pas la BD la plus percutante de Catherine Meurisse.
Indélébiles ; un très bel hommage à Charlie Hebdo. Luz raconte ici ses premiers pas dans le magazine, comment se passaient les bouclages, les reportages, les sorties, etc. C’est fort et très intéressant.
Kimi le vieux chien ; une très belle BD, au graphisme incroyable et à l’ambiance très bien marquée, mais alors Ô combien déprimante ! On suit ici un vieux chien qui cherche un coin tranquille pour finir sa vie et qui, au gré de ses balades et de ses égarements, philosophe sur la vie, la place de la vie et de l’homme dans le monde, sur la mort et sur la dépression. On a connu plus gai x)
Lune du matin ; une BD fascinante à lire, dont les pages se tournent toutes seules et pourtant, comme souvent, on se rend rapidement compte que l’on reste simple spectateur de l’histoire et qu’il nous manque ce petit truc qui ferait que l’on serait à fond dedans. J’ai aimé le ton mélancolique, les personnages, l’histoire mais j’ai eu l’impression de survoler tout ça. Dommage…
Pittsburgh ; graphiquement c’est hyper intéressant, ingénieux et très beaux. Mais l’histoire est une énième autobiographie d’un jeune qui quitte ses parents et sa ville déprimante des États-Unis pour trouver mieux ailleurs et qui fait ici une introspection de sa vie. J’ai l’impression d’avoir déjà lu ça 100 fois, c’est un peu indigeste à la fin. Dommage parce qu’il y a une vraie recherche dans le graphisme.
Renaissance Tome 1 ; bon, je suis surprise qu’il soit dans la sélection. C’est certes une BD SF intéressante qui propose un point de vue assez original sur l’arrivée des extraterrestre sur terre mais il ne faut pas non plus se leurrer, ça reste quand même très classique tant dans le scénario, que les personnages, l’ambiance ou le dessin. Pourquoi ça ne se passerait pas au Bénin avec des extraterrestres non-humanoïdes pour une fois ?
Servir le peuple ; graphiquement Servir le peuple est très intéressant, il y a même un côté fascinant dans le trait à la fois érotique et anachronique. Mais l’histoire d’amour entre ce jeune soldat communiste et la femme d’un général manque de profondeur. Je n’y ai pas cru, hélas. Je ne sais pas si c’est parce que tout va trop vite ou si c’est parce que finalement, les personnages restent assez caricaturaux.
Sous la maison ; j’avoue que je n’ai pas tout compris. Un peu trop perché pour moi sur l’Éveil, la Voie et autre. Au début, je pensais que c’était une métaphore de la drogue mais apparemment non. Une lecture qui m’aura laissée totalement perplexe tant par le graphisme psychédélique que par le scénario obscur… Pas mauvais mais pas génial non plus.
Wonderland Tome 3 ; une série de manga qui s’améliore à chaque tome ! Je suis ravie que la sélection lui donne une mini-chance d’être un peu plus connue. Alors que les deux premiers tomes donnent l’impression d’être un survival pseudo horreur adolescent classique, dès le troisième tome se met en place un vrai fond où on se rend compte que tout est bien pensé et que tout se tient. Une série à laquelle il faut donner sa chance !